jeudi 19 juillet 2012

Bruno Bettelheim

Le complexe d'Œdipe est le problème le plus important de l'enfance, à moins que l'enfant ne reste fixé à un stade de développement encore plus précoce, comme le stade oral. Le jeune enfant est complètement envahi par ses complexes oedipiens qui sont une des réalités inéluctables de sa vie. Plus tard, vers l'âge de cinq ans, il lutte pour s'en dégager, en partie en refoulant le conflit, en partie en le résolvant grâce aux liens affectifs qu'il se crée avec d'autres personnes que ses parents directs, et en partie en le sublimant. Il ne faut surtout pas que les conflits oedipiens de cet enfant soient activés par ce mythe, Supposons que l'enfant ait le désir actif -- ou à peine refoulé -- de se débarrasser de l'un de ses parents pour posséder l'autre en exclusivité; s'il vient à connaître, même sous une forme symbolique, l'idée que l'on peut par hasard, sans le savoir, tuer l'un des parents et épouser l'autre, tout ce qui, jusque-là, a joué dans l'imagination de l'enfant devient une sinistre réalité. Il ne peut résulter de cette révélation qu'une angoisse accrue vis-à-vis de l'enfant lui-même et du monde qui l'entoure.

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