dimanche 12 août 2012

Bruno Bettelheim

190. Probabilité mathématique et morale.-- La probabilité est mathématique lorsque ''tous les cas de probabilité étant de même nature et connus à l'avance, leur degré de probabilité peut être évalué sous forme de fraction dont le dénominateur exprime le nombre de tous les cas possibles, et le numérateur le nombre des cas favorables''. Soit dans une loterie où il y  a cinq cents numéros en circulation. Sur ce nombre, cinquante sont appelés gagnants. La probabilité de gagner sera de 50/100. C'est sur ce calcul que se basent les compagnies d'assurances pour déterminer le montant de leur primes. Supposons que sur 100 maisons il y ait 5 qui brûlent chaque année, la compagnie présente sa perte probable par la fraction 5/100 ou 1/25. Et donc, comme montant de prime, elle exigera 1/20 de la valeur de chaque maison. La probabilité morale ne peut pas être assimilée à la probabilité mathématique. Aussi bien, on ne peut l'exprimer par une fraction. Cette probabilité, elle s'appelle sur les moeurs, les us, les coutumes : autant de contingences de toutes sortes qui varient avec les individus et sont  soumises à leur libre arbitre. ''En pareille matière, il faut peser les probabilités plutôt que les compter, et faire la part de chaque inconnu'' Voila pourquoi dans les questions de morale, d'histoire, de sociologie, on ne peut faire application sans danger, de la méthode mathématique. Ça été le tort de Descartes. (Leçons de Logique)