mercredi 2 mai 2012

Bruno Bettelheim

** ''Un exemple illustrera très bien cet aspect des contes de fées. Dans l'histoire des Grimm ''Les sept corbeaux'',  sept frères vont puiser de l'eau dans une cruche pour le baptême de leur petite soeur. Ils perdent la cruche et sont transformés en corbeaux. La cérémonie du baptême annonce le début d'une existence chrétienne. On peut considérer que les sept frères représentent ce qui a du disparaître pour laisser la place à la chrétienté. S'il en est ainsi, ils symbolisent le monde païen, où les sept planètes représentaient les dieux du ciel. La petite fille qui vient de naître est alors la nouvelle religion qui ne peut  se propager que si les anciennes croyances ne gênent pas son développement. La chrétienté (la soeur) ayant vu le jour, les frères représentent le paganisme, sont relégués dans l'ombre. Mais en tant que corbeaux, ils vivent au sein d'une montagne, à l'autre bout du monde, ce qui laisse supposer qu'ils continuent de vivre dans un monde souterrain subconscient. Ils ne retrouvent leur apparence humaine que lorsque leur petite soeur sacrifie l'un de ses doigts, ce qui est  conforme à l'idée chrétienne que seuls ont accès au ciel ceux qui sont prêts, s'il le faut, à sacrifier la partie de leur corps qui les empêche d'atteindre la perfection. La nouvelle religion, le christianisme, peut libérer ceux qui se sont attardés dans le paganisme. ''

Bruno Bettelheim

Les folkloristes abordent les contes de fées sous l'angle de leur discipline; les linguiste et les critiques littéraires examinent leur  signification pour d'autres raisons. Il est intéressant de noter, par exemple, que certains voient dans le thème du Petit Chaperon rouge avalé par le loup le thème de la nuit absorbant le jour, de la lune éclipsant le soleil, de l'hiver remplaçant les saisons chaudes, du dieu avalant la victime propiatoire, etc. Aussi intéressantes que puissent être ces interprétations, elles n.apportent pas grand-chose aux parents et aux éducateurs qui veulent connaître le sens qu'un conte de fée peut avoir pour l'enfant dont l'expérience, après tout, est bien  éloignée d'une explication du monde fondée sur des concepts où interviennent la nature et les déités.
98. A quoi sert le syllogisme. - Le syllogisme est une excellent moyen de découvrir l'erreur. Celle-ci, pour se faire accepter, se présente aux lecteurs toute enveloppée des ornements et des grâces du style. Dépouillée de ses atours par le syllogisme qui l'exhibe en trois phrases courtes, sèches, précises. elle a moins de chance de se faire admettre. C'est ce qu'enseignent de grands esprits comme Bossuet qui avait soin d'ôter du discours ''les figures et le autres ornement de parole''... pour mieux ''voir ce que la logique fait dans ces ouvrages et ce que la rhétorique y ajoute'' Selon Kant, ''tous les vices de raisonnement se découvrent très facilement quand on les fait ressortir en mettant un argument en forme'' Et pour Cousin, ''tout raisonnement qui ne peut être mis sous cette forme, est un raisonnement dont il faut se défier''. - En employant le syllogisme, l'esprit humain acquiert de la précision et de la pénétrationé ''L'art syllogisme, écrit V.Cousin, est une escrime puissante qui donne à l'esprit l'habitude de la précision et de la rigueur. C'est à cette male  école que sont formés nos pères, et il n'y a que de l'avantage à y retrnir la jeunesse actuelle'' (Leçons de Logique)
http://www.lapresse.ca/debats/le-cercle-la-presse/actualites/201204/30/48-201-la-crise-etudiante-cessons-de-rever-en-couleurs.php


à lire  - Cessons de rêver en couleur - Pierre Calvé - L'auteur a été professeur au département de linguistique et à la faculté d'éducation de l'Université d'Ottawa de 1969 à 2001. Il a été doyen de cette faculté de 1994 à 1997. Il est détenteur d'un doctorat en linguistique de l'Université Georgetown, à Washington D.C.