dimanche 27 mai 2012

Bruno Bettelheim

Mais la fonction la plus importante des contes de fées pour l'individu en cours de croissance est bien autre que de lui donner des leçons sur la façon dont il doit se conduire en ce bas monde; la religion, les mythes et les fables sont pleins de cette sagesse. Les contes de fées ne prétendent pas décrire le monde tel qu'il est; ils ne donnent pas davantage de conseils sur ce qu'il convient de faire. S'il en était ainsi, le patient hindou serait poussé à se conformer à un modèle de comportement imposé, ce qui serait une thérapeutique déplorable, et même tout le contraire d'une bonne thérapeutique. Les vertus thérapeutiques du conte de fées viennent de ce que le patient trouve ses propres solutions en méditant ce que l'histoire donne à entendre sur lui-même et sur ses conflits internes à un moment précis de sa vie. La matière du conte qui a été choisi n'a en général rien à voir avec la vie apparente du malade, mais elle est étroitement liée à ses problèmes internes qui semblent incompréhensible et donc insolubles. Le conte de fées ne se réfère pas clairement au monde extérieur, bien qu'il puisse commencer d'une façon assez réaliste et  qu'il soit tissé de faits quotidiens. La nature irréaliste de ces contes (qui leur est reprochée par les rationalistes obtus) et un élément important qui prouve à l'évidence que les contes de fées ont pour but non pas de fournir des informations utiles sur le monde extérieur mais de rendre compte des processus internes, à l'oeuvre dans un individu.

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