mardi 17 avril 2012

Bruno Bettelheim

Le mal est présenté avec tous ses attraits --- symbolisés dans les contes par le géant tout-puissant ou par le dragon, par les pouvoirs de la sorcière, la reine rusée de Blanche-Neige --- et, souvent, il triomphe momentanément. De nombreux contes nous disent que l'usurpateur réussit pendant quelque temps à se tenir à la place qui appartient de droit au héros (comme les méchantes soeurs de Cendrillon). Ce n'est pas seulement parce que le méchant est puni à la fin de l'histoire que les contes ont une portée morale; dans les contes de fées, comme dans la vie, la châtiment ou la peur qu'il inspire, n'a qu'un faible effet préventif contre le crime; la conviction que le crime ne paie pas est beaucoup plus efficace, et c'est pourquoi les méchants des contes finissent toujours par perdre.  Ce n'est pas le triomphe final de la vertu qui assure la moralité du conte mais le fait que l'enfant, séduit par le héros, s'identifie avec lui à travers toutes ses épreuves. A cause de cette identification, l'enfant imagine qu'il. partage toutes les souffrances du héros au cours de ses tribulations et qu'il triomphe avec lui au moment où la vertu l'emporte sur le mal, L'enfant accomplit tout seul cette identification, et les luttes intérieures et extérieures du héros impriment en lui le sens moral.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire