mercredi 18 avril 2012

Bruno Bettelheim

Les personnages des contes de fées ne sont pas ambivalents; ils ne sont pas à la fois bons et méchants, comme nous le sommes tous dans la réalitée. De même qu'une polarisation domine l'esprit de l'enfant, elle domine le conte de fées. Chaque personnage est tout bon ou tout méchant. Un frère est idiot, l'autre intelligent. Une soeur est vertueuse et active, les autres infâmes et indolentes. L'une est belle, les autres sont laides. La juxtaposition de ces personnages opposés n'a pas pour but de souligner le comportement le plus louable, comme ce serait vrai pour les contes de  mise en garde. (Il existe des contes de fées amoraux où le bien et le mal et la beauté et la laideur ne jouent aucun rôle) Ce contraste des personnages permet à l'enfant de comprendre facilement leurs différences, ce qu'il serait incapable de faire aussi facilement si les protagonistes, comme dans la vie réelle, se présentaient avec toute  leur complexité. Pour comprendre les ambiguïtés, l'enfant doit attendre d'avoir solidement établi sa propre personnalité sur la base d'identifications positives. Il peut alors voir que les gens sont très différents les uns des autres et qu'il doit lui-même décider de ce qu'il sera. Cette décision fondamentale, sur laquelle s'édifiera plus tard l'évolution de la personnalité, est facilitée par la polarisation des contes de fées.

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